De tous temps, les chiffons ont servi à la fabrication du papier et l’on aurait tort de penser que le Moyen-Age occidental en est l’inventeur. Ainsi les premiers papiers chinois datant d’environ 200 ans av J-C contiennent notamment des traces de chiffons. Il en ira de même quelques siècles plus tard pour les papiers arabes.

Ce sont toutefois les innovations technologiques des papetiers italiens qui permettront l’utilisation systématique et exclusif des chiffons pour la préparation du papier, du XIIIème à la fin du XIXème siècle. Seront alors utilisées les chiffes de lin et de chanvre.

Le papier-chiffon laissera sa place au bois dans la seconde moitié du XIXème siècle, en raison d’une demande accrue de papier causant de graves pénuries de chiffons.

Aujourd’hui, quelques papetiers industriels ajoutent parfois de faibles quantités de chiffons dans certains papiers destinés au marché des beaux-arts, pour le côté « marketing »… Quant aux papeteries artisanales et aux moulins à papier, certains en font encore de façon ponctuelle, mais même dans ces lieux, il appartient bien plus à un folklore touristique qu’à une réalité de production…

Quant à nous, nous en avons fabriqué par curiosité et souci de reconstitution. Toutefois, le temps très important de défibrage des chiffons dans notre pile hollandaise, allié à la présence potentielle de lessive et de fibres synthétiques (il est rare de trouver des chiffons pur lin ou pur chanvre), rendent incompatibles aujourd’hui ce matériau pour l’élaboration d’une production pérenne, destinée au monde artistique.