L’apparition du papier en Chine, comme du reste en Europe, est finalement peu connue. On date traditionnellement l’invention du papier en 105 ap.J-C. Or, des découvertes archéologiques réalisées dans la seconde moitié du XXème siècle confirment que ce matériau existait déjà à une date antérieure.

Cai Lun Inventeur du Papier

Qui est Cai Lun ?

Cai Lun (蔡伦 Cài Lún), (v. 50 – 121) était un eunuque, haut fonctionnaire de la cour impériale chinoise pendant la dynastie des Han orientaux. Il avait pour prénom social Jìngzhòng (敬仲). Après une carrière fulgurante dans l’administration impériale, il tomba en disgrâce et, couvert de honte, fut contraint au suicide.

La confusion autour du mot « zhi »

Ce responsable des ateliers impériaux présenta, en l’an 105, un rapport sur la fabrication du papier. Le succès de ce rapport créa le « mythe Cai Lun ». Celui-ci fut considéré dès lors, et pour de nombreux siècles, comme le père des papetiers. Quelques décennies après son décès pourtant, des lettrés lui contestèrent la paternité de cette invention. Cai Lun aurait ainsi amélioré la fabrication du papier mais n’en serait pas l’inventeur. La méprise viendrait de l’absence de sources écrites antérieures et sur la terminologie du mot papier (« zhi »). Ce mot désignerait, en 105, un matériau connu précédemment sous un autre nom, aujourd’hui inconnu.

Cai Lun aurait donc émis l’idée de fabriquer du papier avec des écorces d’arbres, du chanvre, des filets de pêche et des déchets textiles. Ce nouveau support allait remplacer la soie en conservant le nom « zhi », qui lui était donné lorsque cette dernière servait à l’écriture. L’usage des lattes de bambou allait, lui aussi, peu à peu, être remplacé par le papier.

Sous les Han postérieurs, c’est le même terme (zhi) qui désigne à la fois le papier et la soie. On raconte ainsi que le prince héritier de Wei rendit visite à l’empereur Wu, malade, en se cachant le nez derrière un morceau de « zhi » à la fin du IIème siècle avant notre ère. Papier ou soie? Le mystère reste entier…

En 25 de notre ère, les livres de la bibliothèque impériale sont transférés à Luoyang, la nouvelle capitale. Ils sont déclarés écrits sur soie (su), sur lattes de bambou et sur zhi. On peut donc supposer qu’à cette date, « zhi » désigne bien du papier, et non plus de la soie.

La remise en question du titre d’inventeur du papier

Durant la première moitié du XXème siècle, de nombreuses découvertes archéologiques de papiers antérieurs de plusieurs siècles à l’époque de Cai Lun ont mises à mal l’idée selon laquelle ce dernier serait véritablement l’inventeur du papier. Ces découvertes et la contestation qu’elles firent naître alimentèrent de nombreuses polémiques, dans un contexte politique chinois peu propice à la recherche scientifique pure, dénuée de toute considération partisane.

Il est plus logique aujourd’hui de penser que le papier est le fruit d’une multitude d’expérimentations s’étalant sur plusieurs générations qui visèrent à transformer la fibre végétale en un support d’écriture souple et résistant.

Cai Lun, quant à lui, mérite à coup sûr une place toute particulière dans l’amélioration et la diffusion de ce nouveau support !

Pour aller plus loin, un ouvrage indispensable, « Le papier dans la Chine impériale », de Jean-Pierre Drège

Pour en savoir plus sur les ancêtres du papier (tapa, papyrus, amate), cliquez ici